Trentième anniversaire du traité d'unification allemande à Limoges⚓
Programme organisé par la Maison de l'Europe Centre Europe Direct Limousin vendredi 2 octobre 20202 à Limoges
Dans le cadre du trentième anniversaire du Traité d'unification allemande et de la présidence allemande du Conseil de l'Union européenne, la Maison de l'Europe Centre Europe Direct Limousin vous propose une journée consacrée à l'Allemagne le vendredi 2 octobre 2020.
Au programme, entre 10h et 14h, vous pourrez découvrir l'exposition « Au cœur de l'Allemagne » et rencontrer des structures locales travaillant dans le cadre des relations franco-allemandes (Association des Communes Jumelées de Nouvelle-Aquitaine, Comités de jumelage franco-allemand, centre d'information sur l'Union européenne, ...) mais aussi échanger avec des experts de la thématique.
L'après-midi sera consacrée à des conférences avec :
De 14h à 15h15 : « Le Traité de réunification allemande : processus, teneur et effets » par Mme Dorothea BOHNEKAMP, Maître de conférence en histoire économique et politique de l'Allemagne à l'Université de la Sorbonne Nouvelle- Paris 3,
De 15h30 à 16h45 : « Trente ans de réunification allemande », témoignage de Kati SCHUMANN, professeure d'allemand.
A 17h, ces interventions seront suivies par la projection du film de Wolfang BECKER « Good bye Lenin ! ». En 2003, il est le premier film allemand à recevoir le prix du film européen de l'année. En 2004, il reçoit deux prix : en France, le César du meilleur film de l'Union européenne et en Espagne, le Goya du meilleur film européen.
L'ensemble de cette journée ouverte à toutes et tous se déroulera à l'Espace Simone VEIL, 2 rue de la Providence à Limoges.
L'entrée est libre et gratuite dans le respect des conditions sanitaires en vigueur.
Manifestation organisée avec le soutien de l'Union européenne.
Télécharger le programme :
Source : article publié le 21 septembre 2020 sur le site de la Maison de l'Europe en Limousin https://europe-limousin.eu/30eme-anniversaire-du-traite-dunification-allemande-2-octobre-2020/
Allemagne 2020. Trente ans après la réunification
Le modèle allemand, trente ans après la réunification
Version longue de l'article : 2581 mots.
Depuis le miracle économique d'après-guerre, l'Allemagne fascine toujours par ses performances. On peut s'inspirer du modèle allemand, mais chaque pays a ses spécificités qui ne sont pas totalement imitables. On présentera les caractéristiques du modèle sous trois angles : la structure démographique, les résultats macroéconomiques, le système politique.
Les problèmes démographiques : vieillissement et perspective du déclin des actifs
La démographie est le point faible du modèle allemand. Quand on visualise la pyramide des âges en 2020, on retrouve l'histoire du pays sur une centaine d'années. Le sommet est étroit à cause de la baisse des naissances lors de la crise économique des années 30, et il comporte plus de femmes car elles ont une espérance de vie plus longue. En descendant, le rétrécissement est lié aux classes creuses de la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'élargissement s'explique ensuite par le baby boom des années 1950 qui connaît son maximum en 1964 (1,36 millions de naissances, taux de natalité de 18,1 pour 1000 habitants). Par la suite la natalité ne cesse de diminuer jusqu'en 1975, le taux de natalité tombe alors à 9,9 pour 1000. Une légère remontée se produit jusqu'en 1990 au moment de la réunification, le nombre de naissances dépasse 0,9 million et le taux de natalité remonte à 11,4 pour 1000. Les générations les moins nombreuses sont nées de 2005 à 2013, le taux de natalité le plus faible étant de 8,1 pour 1000 en 2009, cela explique la base étroite de la pyramide. Des mesures pour relancer la natalité sont alors prises (congé parental, hausse des allocations, développement des crèches) et permettent un léger rebond jusqu'en 2016 où le taux de natalité atteint 9,6 pour 1000. Les femmes allemandes ne suivent plus le modèle traditionnel des 3 K « Kinder, Küche, Kirche », elles font peu d'enfants, cuisinent moins et ont remplacé l'église par la carrière.
Du côté du taux de mortalité, les variations sont moins importantes : au cours des années 1950 le taux est en moyenne de 11,3 pour 1000, il passe en moyenne à 12 pour 1000 de 1960 à 1990, et descend à 10,6 pour 1000 de 1991 à 2018. L'espérance de vie synthétise les conditions de mortalité du moment, elle a tendance à augmenter avec l'amélioration des soins et des modes de vie. Elle est passée : pour les hommes de 66,5 ans en 1960 à 72 ans en 1990 et 78,7 ans en 2017 ; et pour les femmes de 71,7 ans en 1960 à 78,5 ans en 1990 et 83,4 ans en 2017. Elle contribue à l'allongement du sommet de la pyramide où se concentrent les décès aux âges les plus élevés. Il en résulte un vieillissement de la population : en 1950 sur 69,3 millions d'habitants, les 67 ans et plus étaient 5,6 millions soit 8% du total ; en 1990 sur 79,8 millions d'habitants, ils étaient 10,4 millions soit 13% ; en 2020 sur 83,4 millions d'habitants, ils sont 16,4 millions soit 20% et 2 points de plus que les moins de 20 ans.
Si la population allemande continue d'augmenter, en ayant gagné 3,6 millions d'habitants depuis 1990, c'est que le solde naturel (naissances - décès) négatif depuis 1972, est compensé par le solde migratoire. De 1991 à 2018, le solde naturel fait baisser la population de 3,7 millions alors que le solde migratoire la fait augmenter de 8,4 millions. Après la chute du mur de Berlin, le solde migratoire atteint un premier sommet en 1992 (+0,8 million), avec l'arrivée de citoyens Allemands des ex-républiques soviétiques et de demandeurs d'asile liés à la guerre civile en ex-Yougoslavie. Par la suite il se tasse et devient légèrement négatif en 2008-2009, puis il repart à la hausse alimenté par des jeunes en provenance d'Europe du Sud et des pays d'Europe de l'Est nouvellement entrés dans l'UE qui fuient le chômage. Il atteint un maximum en 2015 (+1,1 million) avec l'arrivée massive de réfugiés syriens.
D'après la 14e projection démographique publiée par l'Office fédéral de la statistique en juin 2019, la population allemande devrait augmenter au moins jusqu'en 2024 et diminuer au plus tard en 2040. En 2060, elle devrait se situer entre 74 et 83 millions. Mais le vieillissement continuant à s'intensifier, le plus problématique pour l'économie et le financement des retraites, c'est la perspective d'une diminution de 4 à 6 millions de la population en âge de travailler de 20 à 66 ans d'ici 2035 (1). L'avenir démographique de l'Allemagne repose sur sa capacité à accueillir massivement des migrants et à les intégrer, le livre polémique sur l'immigration musulmane de Thilo Sarrazin, Deutschland schafft sich ab (L'Allemagne disparaît) publié en 2010, montre que cela ne va pas s'en entraîner des conflits au niveau politique.
Le modèle économique : de l'homme malade de l'Europe à la décennie dorée
Depuis 1990, les performances économiques se découpent en deux périodes : jusqu'au milieu des années 2000, l'Allemagne a des difficultés à digérer les coûts de la réunification et à s'adapter à la mondialisation, au point d'être qualifiée « d'homme malade de l'Europe ». Hans-Werner Sinn, économiste allemand réputé, publie en 2003 un livre alarmant : « Peut-on encore sauver l'Allemagne ? » (2). Par la suite la situation économique s'améliore et les années 2010 sont celles d'une « décennie dorée ».
La première mesure des difficultés c'est l'évolution du taux de chômage qui atteint le record de 13% dans tout le pays en 2005, niveau à deux chiffres inconnu depuis le début des années 1950. À l'Ouest, le taux passe de 6,2% en 1991 à 11% en 2005, mais à l'Est avec les opérations de restructuration de l'appareil industriel de l'ex-RDA menées par la Treuhandanstalt, le taux double pour atteindre 20,6% en 2005. Après 2005, la situation sur le marché du travail s'améliore fortement, la crise financière de 2008-2009 n’entraînant qu'une pause momentanée. En décembre 2019, il y a encore des contrastes entre les 16 Länder, mais le taux à l'Est est tombé à 6,2% à l'Est contre seulement 4,6% à l'Ouest. Jamais l'écart entre les deux zones n'a été aussi réduit, le plein emploi est devenu la norme et l'économie se heurte à des pénuries de main d'œuvre.
Les créations et les destructions d'emplois sur le marché du travail dépendent des fluctuations cycliques de la croissance économique. Avec la récession de 1993 qui voit le PIB diminuer de 1%, l'emploi descend en dessous de 38 millions. Huit années de croissance du PIB en moyenne annuelle de 1,9% de 1994 à 2001 font augmenter l'emploi de presque 2 millions. La récession de 2002-2003 fait perdre 0,7 million d'emplois. La croissance économique repart de 2004 à 2008, la forte baisse du PIB de 5,9% liée à la crise financière en 2009, n'entraîne qu'une pause momentanée dans l'augmentation de l'emploi qui après un cycle de dix années de croissance économique atteint le niveau record de 45 millions en 2019, on peut parler de « décennie dorée ».
Avant la réunification, la RFA était déjà la championne du monde des exportations, après une phase de perte de compétitivité jusqu'au milieu des années 2000, le Made in Germany est revenu en force. Le taux d'exportation est passé de 20,3% du PIB en 1993 à un maximum de 47,4% en 2017-2018, ce qui fait de la demande extérieure le premier moteur de la croissance économique. Plus ouverte sur l'extérieur, l'économie allemande est plus sensible aux fluctuations du commerce international, c'est ainsi que les exportations ont baissé de 6% en 1993 et de plus de 14% en 2009, alors qu'elles ont rebondit de plus de 10% à 15% en 1997, 2000, 2004, 2006 et 2010. Légèrement déficitaire en 1991-1992, l'excédent des échanges extérieurs de biens et services dépasse 100 milliards d'€ en 2004, pour atteindre le record de 230 milliards en 2015-2016, avec un taux de couverture exportations / importations de 119%. La réussite allemande repose sur la puissance de son secteur industriel doté de grands groupes et de PME (le Mittelstand) et sur la qualité de ses produits, mais les partenaires commerciaux considèrent que des excédents qui dépassent 5% du PIB depuis 2004 et qui atteignent un sommet de 7,6% du PIB en 2015 sont excessifs.
Du côté des trois utilisations intérieures du PIB, on observe que de 1991 à 2019, la croissance annuelle moyenne de la consommation privée n'est que de 1,1% car les ménages ont plus tendance à épargner qu'à dépenser ; celle de la consommation publique est de 1,9% car les administrations publiques suivent des politiques de rigueur ; et celle de l'investissement brut est de 1,3% avec d'amples fluctuations cycliques. Le taux d'investissement au maximum à 25,2% du PIB en 1992 diminue de 6 points jusqu'en 2004-2005, il remonte ensuite légèrement de 2 points pour atteindre 21,7% en 2019. Après l'effort d'équipement des nouveaux Länder lié à la réunification, la tendance au recul des décennies suivantes pénalise les infrastructures du pays.
Pour préserver la valeur de la monnaie et la compétitivité des produits, la lutte contre l'inflation est une priorité de la politique économique allemande depuis les expériences historiques de 1923 et 1945. C'est ainsi que pour accepter de renoncer au deutschemark et préparer le passage à l'euro, la stabilité des prix a été inscrite comme un des cinq critères de convergence du Traité de Maastricht de 1992. Avec la réunification, la hausse de l'indice des prix à la consommation atteint 5% en 1991-1992, des niveaux inconnus depuis les deux chocs pétroliers. De 1991 à 2019, la hausse des prix est de 61% soit une hausse annuelle moyenne de 1,7%, mais le rythme a tendance à se ralentir : 2% par an de 1991 à 2000, 1,4% de 2000 à 2009 et 1,2% de 2010 à 2019.
Deux autres critères de convergence de Maastricht repris dans le pacte de stabilité de 1997 concernent les finances publiques : le déficit annuel des administrations publiques ne doit pas dépasser 3% du PIB et le stock de la dette publique 60% du PIB. Le coût de la réunification, la montée du chômage, puis la crise financière de 2009, pèsent lourdement sur le solde public qui franchit la limite des 3% onze fois de 1991 à 2011. Depuis 2012, les finances publiques dégagent des excédents, avec un record en 2018 à 1,9% du PIB (62,4 milliards d'€). Le taux d'endettement public est passé de 39% du PIB en 1991 à plus de 82% en 2010, par la suite les excédents budgétaires ont été utilisés pour désendetter le pays et le taux est retombé en dessous de 60% en 2019. En cas de nouvelle récession l'Allemagne dispose aujourd'hui de marges de manœuvres financières pour faire repartir son économie.
Au final, l'adaptation à la mondialisation s'est faite par une certaine remise en cause du modèle rhénan de « l'économie sociale de marché ».
Vers la fin de la stabilité politique ?
La République fédérale est née avec la publication de la Constitution le 23 mai 1949, appelée « Loi Fondamentale » (3). La tendance à la bipolarisation est depuis lors un fait majeur de la vie politique allemande organisée autour de deux grands partis populaires : l'Union Chrétienne Démocrate (Christlich Demokratische Union, CDU) et le Parti social-démocrate (Sozialdemokratische Partei Deutschlands, SPD). Mais le système à la proportionnelle fait que le petit parti libéral-démocrate (Freie Demokratische Partei, FDP) est indispensable pour former des gouvernements de coalition. Avec la réunification officiellement fixée le 3 octobre 1990, le fédéralisme supprimé en RDA est rétabli et la nouvelle Allemagne compte 16 Länder.
La stabilité politique qui caractérise les institutions allemandes depuis leur origine se poursuit. Depuis 1990, l'Allemagne n'a connu que trois chanceliers alors que dans le même temps la France a vécu avec cinq présidents. Helmut Kohl, au pourvoir depuis 1982 en RFA, remporte triomphalement les premières élections de l'Allemagne réunifiée en décembre 1990, sa popularité reposant sur sa décision imposant un taux de change de un mark est-allemand contre un deutschemark et des promesses de « paysages florissants » à l'Est, mais le mécontentement lié au coût de la réunification et l'usure de 16 années au pouvoir font qu'il est battu en 1998.
L'alternance politique amène au pouvoir Gerhard Schröder avec une coalition inédite associant le SPD et les Verts (Die Grünen, nouveau parti écologiste fondé en 1980). Confronté aux difficultés du modèle allemand, ce gouvernement de gauche va mener une politique de l'offre d'inspiration libérale. L' « Agenda 2010 » voté en 2003, et qui repose sur les réformes du système social préparées par Peter Harz, entraîne un divorce avec les milieux populaires.
À l'Est, la spécificité politique c'est la survivance d'un vote communiste dans le cadre du Parti du socialisme démocratique (Partei des Demokratischen Sozialismus, PDS) fondé en décembre 1989 par Gregor Gysi et héritier du parti SED de l'ex-RDA. Ce parti qui recueille le vote protestataire, bouscule l'équilibre fédéral à gauche au détriment du SPD. En juillet 2005, il prend le nom de Parti de Gauche (Die Linkspartei) à la suite de la fusion avec la formation d'Oskar Lafontaine, dissident du SPD.
Gerhard Schröder perd les élections anticipées de septembre 2005, mais comme ni la droite ni la gauche ne disposent d'une majorité absolue, Angela Merkel devient chancelière en inaugurant la formule de la « Grande coalition » qui rassemble CDU et SPD. Elle va conduire trois gouvernements avec cette formule et un gouvernement avec une coalition noire-jaune classique fondée sur l'alliance avec le FDP de 2009 à 2013. Angela Merkel mène depuis 15 ans une politique centriste combinant rigueur budgétaire et poursuite de la réforme de l'État-Providence.
Il y a cependant quelques ombres à ce bilan positif : la flexibilisation du marché du travail entraîne un développement des travailleurs pauvres, et à l'Est, malgré les transferts publics massifs et le rattrapage de niveau de vie, les « Ossis » continuent à se sentir des citoyens de seconde zone. Politiquement, le plus inquiétant est la montée en puissance de l'AfD (Alternative für Deustschland), parti eurosceptique né en avril 2013 d'une contestation de l'euro, et qui a évolué vers des positions nationalistes et xénophobes suite à l'arrivée d'un million de migrants en septembre 2015. L'AfD fait une percée électorale lors des législatives de septembre 2017 avec 12,6% des voix, et pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, un parti d'extrême droite fait son entrée au Bundestag avec 94 députés. Les deux grands partis populaires réalisent leurs pires scores électoraux, la CDU reculant à 33% et le SPD s'effondrant à 20%. Piliers de la stabilité politique, ils rassemblaient plus de 76% des votes de 1990 à 2002 et ils tombent à un total de 53,5% en 2017. La progression de l'AfD se poursuit lors des élections dans les Länder de l'Est en septembre 2019, avec un résultat record de 27,5% en Saxe (4).
À l'inverse, la progression des résultats électoraux des Verts est l'évolution rassurante du système politique allemand. Les derniers sondages début 2020 leurs donnent 23% des voix au niveau national. La perspective d'une coalition noire-verte, à l'image de celle qui existe déjà dans le Land de Bade-Wurtemberg depuis 2016, n'est pas inconcevable après les élections fédérales prévues en septembre 2021. C'est lors du renouvellement du Bundestag que se jouera la succession d'Angela Merkel et qu'un débat sur les grandes orientations politiques du pays sera engagé, parmis lesquelles se trouvent les défis démographique et écologique.
Notes
(1) La population en âge de travailler devrait diminuer de 4 à 6 millions d'ici 2035. Destatis, communiqué de presse n° 242 du 27 juin 2019. https://www.destatis.de/DE/Presse/Pressemitteilungen/2019/06/PD19_242_12411.html
(2) De l'homme malade de l'Europe au nouvel Hercule de la mondialisation. Les "bulletins de santé" de l'économie allemande dans le discours de presse d'outre-Rhin. Marcel Tambarin, Université de Bourgogne-Dijon. Article p. 199-214 de l'ouvrage Langue, économie, entreprise. Gérer les échanges. Presses Sorbonne Nouvelle, 2011. https://books.openedition.org/psn/6613?lang=fr
(3) L'Allemagne de 1870 à nos jours. Ouvrage de Serge Berstein et Pierre Milza, Collection U, Armand Colin, mai 2014.
Le 3 octobre 1990, une série de cérémonies solennelles célébrait la réunification de l'Allemagne. Épilogue d'une histoire agitée et grandiose que retrace le présent ouvrage, l'événement ne prend sa véritable signification que replacé dans la perspective d'une évolution qui naît à la fin du XVIIIe siècle avec la prise de conscience du sentiment national allemand. L'affirmation de celui-ci passe par la réalisation d'une unité qui se fera « par le fer par le feu », par le drame apocalyptique de deux guerres mondiales dans lesquelles l'État allemand porte une lourde responsabilité, puis par l'effondrement, en 1945, d'un pays pratiquement rayé de la carte et qui vit alors son « année zéro », avant que ne renaissent deux États allemands qui paraissent s'orienter vers des destins séparés.
Mais l'histoire contemporaine de la nation allemande est aussi celle d'une remarquable réussite économique, de l'apprentissage, parfois douloureux, de la démocratie et de l'ouverture à l'Europe, chemins d'une réunification qui fait de la République fédérale le centre de gravité et la première puissance du continent.
C'est à gérer cette situation nouvelle, dans un monde difficile où les grandes puissances attendent de l'Allemagne qu'elle joue un rôle à sa mesure, que doivent désormais se consacrer les gouvernants d'un pays réunifié confronté à tous les aléas de la conjoncture mondiale mais dont la crise qui frappe le monde en 2008 et qu'elle est le seul pays européen à parvenir à surmonter fait plus que jamais l'incontestable puissance dominante de l'Union européenne.
https://www.armand-colin.com/lallemagne-de-1870-nos-jours-9782200285050
(4) Quelles leçons tirer des élections régionales dans l'est de l'Allemagne ? Question d'Europe n°527. Publication de la Fondation Robert Schuman, 16 septembre 2019.
Les élections dans les Länder de Saxe et de Brandebourg, le 1er septembre dernier, ont eu un impact sur la situation politique allemande au-delà du poids purement démographique des deux régions (6,5 millions d'habitants sur 83 millions). Les alliances traditionnelles du système électoral allemand, qui privilégie la proportionnalité, ne semblent plus possibles pour obtenir des majorités parlementaires stables.
Annexe documentaire
Document 1 - Démographie -
L'Allemagne compte au 30/09/2019 83,1 millions d'habitants, dont 41 millions d'hommes et 42,1 millions de femmes, 72,8 millions d'Allemands et 10,3 millions d'étrangers. Il est possible de consulter la pyramide interactive 1950-2060 sur le site de l'Office allemand de la statistique (Destatis) https://service.destatis.de/bevoelkerungspyramide/
Document 2.1 - Économie -
Le plein emploi s'installe en RFA du milieu des années 1950 au premier choc pétrolier en 1974. Par la suite le chômage progresse par vagues pour atteindre un sommet en 2005. Il redescend ensuite et l'Allemagne réunifiée depuis 1990 connait de nouveau le plein emploi à la fin des années 2010. Source : Agence fédérale du travail.
Le taux de chômage (nombre de chômeurs) au sens de l'Agence fédérale du travail est tombé en décembre 2019 à 4 ,9% (2 227 milliers), 4,6% à l'Ouest (1 700 milliers) et 6,2% à l'Est (527 milliers). Le taux de chômage en octobre 2019 au sens de l'OIT publié par Eurostat et qui permet des comparaisons internationales n'est que de 3,1% en Allemagne, contre 6,3% dans l'UE28.
https://appsso.eurostat.ec.europa.eu/nui/show.do?dataset=ei_lmhr_m&lang=fr
Document 2.2 - Économie -
Le taux de chômage (nombre de chômeurs) au sens de l'Agence fédérale du travail est de 5% (2 267 milliers) en 2019, 4,6% (1 723 milliers) à l'Ouest et 6,4% (544 milliers) à l'Est. Il s'élève au plus haut à Brême à 9,9% et Berlin à 7,8%, et descend au plus bas en Bavière à 2,8% et dans le Bade-Wurtemberg à 3,2%.
Document 3 - Politique -
Avec la réunification, le système politique allemand s'est diversifié. Les deux grands partis populaires CDU et SPD perdent de l'audience au profit de nouveaux partis : les Verts pour l'écologie, Die Linke à l'Est pour l'extrême gauche, et depuis 2013 l'AfD pour l'extrême droite.
Source : Élections fédérales en (Bundestagswahlen), site de l'ARD, première chaîne publique allemande.
https://wahl.tagesschau.de/wahlen/2017-09-24-BT-DE/index.shtml
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Texte de présentation du diaporama - vendredi 2 octobre 2020 |
Documents complémentaires au diaporama (10 pages imprimables) |
Article et diaporama créés par Luc Fessemaz en février 2020 (avant la crise du Covid 19)
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